HYENVILLE en 1750

Dans la rubrique "histoire locale", voici un document intéressant extrait de l'atlas de Trudaine. Cet atlas porte le nom d'un intendant des finances, Charles Daniel Trudaine (1703-1769), qui créa en 1744 un "bureau des dessinateurs" dont la mission consistait à lever et dresser les plans des grandes routes du royaume. Cette initiative nous permet de disposer aujourd'hui d'une cartographie relativement détaillée pour certains secteurs du département, à une époque où le cadastre restait à inventer.

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On peut ainsi consulter sur Internet des plans datant de l'Ancien Régime et concernant le tracé de la route Bayeux/Cherbourg, Villedieu/Pontorson ou Coutances/Granville. Ce dernier itinéraire nous intéresse plus particulièrement et a fait l'objet de l'établissement de cinq planches successives à l'occasion de la création du tracé de la route actuelle. Personne n'est en mesure de vous préciser si sous le règne de Louis XV, le projet de route a suscité autant de palabres et de contestations que le projet qui est en cours de réalisation. La cartographie des planches a été effectuée à l'échelle 1 cm pour 400 toises soit environ 1 cm pour 86,22 m. Le document ci-joint du fait de sa réduction se trouve représenté à une échelle approximative de 1 cm pour 121 m. L'emprise de la cartographie concerne grosso mode une bande de 1 km de chaque côté du tracé envisagé ce qui exclut malheureusement une partie du territoire communal (Sous La Ville, le Camp de La Pierre, le manoir de Hyenville, le manoir des Marais). Considérons néanmoins qu'il s'agit d'un privilège pour nous de posséder un document si ancien qui nous permet de retourner en 1750.

Louis XV batifole avec la marquise de Pompadour, Voltaire quitte la France pour la Prusse, Diderot s'apprête à publier le premier volume de l'Encyclopédie et "Hienville" vit au rythme lent des provinces. On y compte approximativement 70 feux pour une population de 350 à 400 habitants. On célèbre 3 mariages cette année-là, on baptise 7 enfants et on enterre une veuve de 82 ans ainsi que deux enfants en bas âge. Le climat social n'est sans doute guère différent de celui rapporté en 1789 dans les cahiers de doléances de la commune : on se plaint sans doutes de la lourdeur des impôts et des conditions difficiles pour la culture liées au sol "argileux et pierreux" qui couvre le territoire de la paroisse. Les habitants sont pour les deux tiers journaliers ou manœuvres et petits propriétaires ou fermiers pour le reste. On vit modestement d'une polyculture de subsistance et les prairies sont encore rares.

La propriété de la Girardière de Haut appartenait à cette époque à Louis Antoine Tanquerey de la Mombrière, conseiller du roi résidant à Coutances et sans doute occasionnellement à Hyenville. La cartographie indique des différences importantes par rapport à l'état actuel des bâtiments: aucun accès direct sur la route de Montmartin, présence d'un grand bâtiment en vis-à-vis de la maison d'habitation alors que les dépendances situées côté ouest ne sont pas représentées. C'est à cette époque que Louis Antoine Tanquerez de la Mombrière, sans doute soucieux d'asseoir son emprise sur la paroisse de Hyenville, rachète aux descendants de la famille Cauvet la seigneurie de Hyenville, son manoir et ses terres.

On pourra également observer sur cette cartographie la représentation du manoir de Quettreville et de son accès à l'époque ainsi que la représentation du manoir d'Ymouville. 

                                                                                      C Dolley