Les cloches de Hyenville

Les cloches de Hyenville, celles du clocher j’entends, ont leur petite histoire qui mérite d’être contée. L'église initiale ne disposait pas de tour ni de sacristie, un simple campanile doté d'une petite cloche surmontait le pignon ouest (comme à la chapelle de la Roquelle à Coutances), la construction du clocher dont la datation est difficile (XVIIème ?) permit la mise en place d'une cloche plus importante. (En savoir plus sur l'église de Hyenville)

En 1823, la cloche qui se trouvait dans la tour était à refondre et on décida pour en augmenter la voix, d'en augmenter le poids, le bébé ainsi passa de 475 livres à 746. La cloche nouvelle, dénommée Caroline, pendant des années sonna, mais un jour se fêla et bien moins joliment tinta. On la remplaça dans un premier temps par un carillon électronique mais sa faible sonorité le rendait inadapté à notre clocher trop fermé pour assurer une bonne diffusion de l’annonce des heures, des mâtines et autres offices. On décida donc, en 1960, de procéder à l’installation des trois cloches actuelles. Il fallut, pour mener à bien l’entreprise, ouvrir le mur du clocher à mi- hauteur afin de pouvoir hisser les cloches au-dessus de l’entrée de l’église.

Les trois cloches sont fixées sur un solide beffroi qui occupe toute la partie haute du clocher et elles sont activées par six moteurs électriques : trois pour assurer la mise en volée et trois autres pour procéder au tintement par la frappe d’un marteau sur l’extérieur de la cloche.

En 2003, Mme Odette Adam qui a veillé pendant plusieurs décennies sur la bonne tenue de notre église nous avait alertés sur l'existence de bruits insolites et inquiétants en provenance du clocher. L'examen approfondi de la situation permit de mettre en évidence les symptômes d'une maladie grave évolutive et inévitable : l'usure. Les infiltrations répétées par l'ouverture de l'abat-son avaient lentement mais inexorablement fait œuvre perverse et destructrice, provoquant la rupture d'une première cheville entraînant celle d'une seconde et cet enchaînement fatal nous aurait conduit inévitablement à la chute finale.

Les lois de la physique s’imposent à nous au même titre que les autres . Il faut savoir que la mise en volée simultanée des trois cloches implique obligatoirement de temps à autre la levée des trois « plumes » du même côté, au même moment, et à cet instant précis la solidité du beffroi est soumise à rude épreuve. On fit donc le nécessaire pour que le beffroi reste en place avec les cloches, au sommet de la tour...

L'accès au clocher s'effectuait récemment encore par un jeu de trois échelles qui nécessitaient pour les emprunter un peu d'inconscience doublée d'un certain goût du risque. Notre ouvrier communal a réalisé 2 paliers intermédiaires qui facilitent et sécurisent l'ascension. Les cloches sont désormais plus accessibles mais néanmoins interdites aux âmes sensibles au vertige.

C. DOLLEY