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Commune déléguée de HYENVILLE 50660

Le manoir de la Girardière de Haut

article-blog-052.JPG Le hameau de la Girardière de Haut comprend quelques constructions anciennes dignes d'intérêt. Le bâtiment le plus à l'ouest avec sa façade austère, ses portes en plein-cintre, ses petites fenêtres et son intérieur au plafond voûté constitue sans doute une des constructions les plus anciennes de la commune. Il y avait là le siège d'une exploitation agricole qui dépendait du manoir seigneurial de Hyenville.

Juste à côté, la « maison de maître » d'architecture plus récente avec ses ouvertures symétriques a fait l'objet de modifications importantes.

 

article blog 056 

 

La comparaison du cadastre actuel et de celui de 1826 fait apparaître plusieurs transformations: L'aile Est du bâtiment principal a disparu ainsi que d'autres constructions adjacentes. De même l'observation sur les dépendances de nombreuses reprises de maçonnerie laisse songeur sur l'état et la destination premières du bâtiment.

 

Cadastre 1826cadastre 2010

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  cadastre de 1826                                                                                                 cadastre actuel

 

La propriété disposait d'une chapelle au début du XIX ème siècle puisqu'une autorisation fut délivrée en 1807 pour y célébrer la messe les dimanches et jours de fête. A une centaine de mètres au Nord se trouvait le four à pain dont il ne reste  que quelques vestiges.

 

Initialement, la ferme de la Girardière de Haut dépendait donc du manoir de Hyenville mais à la fin du XVII ème siècle, elle fut cédée, en dot sans doute, à Marie de Grimouville (fille du seigneur de Hyenville) qui se maria avec Antoine Tanquerez de la Mombrière. Au moment de la Révolution, le manoir de la Girardière de Haut était la propriété de Charlesgirardiere.jpg Antoine Tanquerez (arrière petit-fils de l'heureux bénéficiaire de la dot), capitaine de dragons, comte de Hyenville et de plus maire de la commune. Il eut en 1793, le courage ou la fâcheuse idée d'haranguer dans l'église ses administrés en faveur des fédéralistes. L'année suivante, un envoyé de la Convention, dont la mission consistait à purger le département des aristocrates et autres indésirables, se rappela l'événement. Le maire fut arrêté, emprisonné, envoyé à Paris, jugé et guillotiné en compagnie de quelques autres coutançais dont le chanoine de Cussy, ancien maire de Coutances (comme quoi les risques liés à l'exercice d'un mandat électif ne datent pas d'hier).

article blog 054A la date de son exécution, Charles Antoine Tanquerez était déjà père de deux filles, l'aînée possédait un caractère bien trempé, ce qui nous vaut d'avoir quelques traces écrites sur les excentricités du personnage. Caroline se maria avec avec Georges Lheure de Cambernon et gagna la capitale. Ses fréquentations mondaines lui permirent de se lier d'amitié avec la reine Hortense de Beauharnais (belle-fille de Napoléon I et mère de Napoléon III). La séparation d'avec son mari l'amène à revenir habiter dans sa propriété de Hyenville avec sa mère et sa sœur. On raconte qu'elle n'hésitait pas à circuler de nuit, article blog 055en cabriolet sur la route de Coutances, armée de pistolets pour faire face aux éventuelles mauvaises rencontres, il lui arrivait également de recevoir ses amis couchée dans un  cercueil qu'elle avait sous son billard. En 1846 un incident failli lui coûter la vie: un soir en traversant le pont, le cheval effrayé sauta par-dessus le parapet, par chance le cabriolet resta bloqué par une borne et les habitants vinrent sortir la « Dame de  Hyenville  »  de ce mauvais pas. Elle se vantait d'avoir traversé plusieurs régimes en s'accommodant de tous. 

 

« La solitude des dernières années de Mme de Hyenville, donna à son château entouré de  hautes murailles et ombragé d'arbres touffus, l'aspect fantastique de la demeure au bois dormant...»(1)

 

Caroline mourut en 1866 à l'âge de 86 ans et fut inhumé derrière la sacristie à proximité de sa mère et de sa sœur. Xavier Lheure, fils héritier de la propriété la vendit, les arbres furent abattus, on fit de même pour les murs en mauvais état, la propriété perdit de son éclat, manqua d'entretien et devint le siège d'une exploitation agricole. La restauration de la maison d'habitation ne sera entreprise que par les actuels propriétaires à partir de 1980.

 

                                                                                                                                 C. DOLLEY

 

Sources:

(1)Revue de l'avranchin T.11-1902-1903. Notes de Mgr Deschamps du Manoir

Article de Mme Daireaux revue VIRIDOVIX numéro14

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